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2022: La crise de la Tiny House en France

Tiny house rangement et escalier

Ces dernières semaines, deux acteurs importants du mouvement Tiny Houses en France ont dû stopper leur activités.
En parallèle de cela, depuis la crise du COVID et la montée du télétravail, les envies de partir à la campagne et de vivre simplement ont explosé.

Alors que se passe-il? Pourquoi les Tiny Houses en France, ne se développent pas comme dans certains pays?

La tristesse de voir 2 entreprises fermer leurs portes

Tout d’abord c’est avec une grande émotion que j’ai appris la fin de l’aventure pour deux structures avec lesquelles je travaillais ou avait collaboré.

  • Ma petite maison a été placée en liquidation judiciaire Ma petite maison avait pour mission de démocratiser les Tiny Houses et d’accompagner les projets, que ce soit au niveau financier, la recherche de terrain ou l’analyse des besoins. Nous étions partenaires et j’accompagnais les projets d’auto-construction. Ils ne se limitaient pas aux Tiny Houses et s’occupaient du micro-habitat en général mais cela n’a malheureusement pas suffit pour financièrement assurer la pérennité de l’entreprise.
  • La maison qui chemine a elle aussi été placée en liquidation Constructeurs de bien jolies réalisations, ils faisaient parties des expériences relatées dans Histoires de Tiny Houses

Derrière l’arrêt de ces entités, il y a malheureusement des conséquences humaines. Je souhaite à toutes les personnes qui sont impactées de pouvoir repartir sur de nouvelles aventures ou leur créativité et leur talent pourront continuer à s’exercer.

Une demande de plus en plus forte

Sur le papier, les Tiny Houses ont tout pour réussir:
– Avec un coût de l’énergie qui explose, avoir un habitât de taille réduite est un énorme avantage. Correctement isolée, une Tiny House est très sobre en énergie.
– Elle permettent de résoudre des scénarios de logements où les alternatives sont peu nombreuses.
– Si l’on est motivé et bricoleur, on peut les construire soit-même.
– Si l’on accepte de passer du temps et de l’énergie à faire de la récupération, on peut en baisser le coût.
– Elles sont “mobiles” et peuvent vous accompagner au gré de vos projets de vie.

Un coût des matériaux qui a explosé

Il y a eu la crise du Covid mais ce n’est pas le seul élément. Le plan de relance Américain a aussi eu un impact sur le prix du bois.
Par exemple entre 2018 (date à laquelle j’ai commencé à auto construire) et 2022, le Douglas (utilisé en particulier pour le bardage) a subit une augmentation de … 114%! Le prix a plus que doublé. Bien entendu je vous parle de l’augmentation la plus importante mais d’une manière générale, le budget matériaux a pris près de 50%.

On est donc passé d’une habitation “relativement” abordable à auto construire à des constructions nécessitant des budgets beaucoup plus importants.
Conséquence directe: Une partie des projets sont devenus non viables financièrement.

Pire, outre un coût élevé, la disponibilité de certains éléments est devenu compliqué. Cela nécessite d’anticiper les commandes et rend la gestion du stockage problématique surtout pour ceux qui construise à l’extérieur, sans hangar.

Encore pire, même en attendant longtemps et en payant plus cher, la qualité est aussi en baisse. Le bois est de moins en moins séché correctement. Cela veut dire des variations dimensionnelles plus importantes ainsi qu’une durabilité qui pose question.

La difficulté de trouver un terrain

Je reçois des dizaines de demandes de renseignement pour des projets de Tiny Houses.
La majorité sont plus des rêves que des projets réels.
Pourtant même pour ceux qui sont solides peu aboutissent. Pour clarifier, j’appelle solide, un projet qui est l’aboutissement d’une démarche réfléchie, qui n’est pas un coup de tête et où le budget nécessaire est présent.

Alors qu’est ce qui fait que la majorité n’aboutisse pas?

Le terrain! C’est bien beau d’avoir une Tiny House, mais il faut un endroit pour la poser.

Par défaut une Tiny doit être déplacée tous les 3 mois. Par forcément simple si l’on souhaite en plus avoir un bout de jardin et ne pas trop bouger. Il faut en plus avoir plusieurs terrains de disponible ou en mesure de vous accueillir.

Bien entendu, certaines communes sont plus tolérantes (surtout quand la pression immobilière y est plus faible) et peuvent vous donner une dérogation.

Pour autant, ce genre de demande fait souvent peur aux élus qui craignent de créer un précédent et de se voir transformer en village de Tiny.

Si vous avez pour idée d’avoir une Tiny House, je vous conseille de vous assurer d’avoir un endroit pour la mettre avant d’aller plus loin.

L’écart entre le rêve et la réalité

Une Tiny House, c’est joli, c’est mignon. C’est comme lorsque l’on voit un petit chaton, on se prend à vouloir le même de suite.

Seulement, entre le désir et le quotidien, il y a un grand fossé:
– Besoin de limiter ses possessions au strict minimum. N’espérez pas recaser le contenu de votre grand dressing à l’intérieur ou alors ce sera au détriment d’autres pièces.
– Accepter une plus grande promiscuité. Il est tout à fait possible de vivre à plusieurs dans une Tiny House et d’y avoir son propre espace. Pour autant si vous y passer votre vie à plusieurs en télétravail, vous allez devoir vous adapter, surtout en hiver.

La mode des vans

Les Tiny Houses répondent à un besoin de minimalisme mais aussi de mobilité. Ces dernières années, un autre mouvement s’est développé et va encore plus loin: les vans aménagés.

En théorie, ils combinent tous les avantages: pas besoin d’un autre permis de conduire, ils peuvent aller partout et si on l’aménage avec un véhicule d’occasion, ils sont très économiques.

Depuis le covid, ils ont exposé et si vous allez faire un tour sur YouTube, vous en verrez beaucoup plus que de Tiny House.

Attentions cependant, la van life telle qu’elle est montrée par les Youtubeurs est à prendre avec du recul. Intérieurs design et fonctionnels, spot de rêve avec vue sur mer, du condensé de bonheur en quelque minutes.

En vrai tout n’est pas toujours parfait. Pourtant un certain nombre de projets de Tiny Houses se sont terminés en projet “Van”. Cela résout le problème du terrain. Au quotidien, malgré des similitudes, la vie y est totalement différente.

Le futur?

Je crois toujours très fortement aux Tiny Houses. Pour moi elles répondent à de nombreux scénarios:

  • Habitat minimaliste, simple et abordable.
  • Possibilité d’héberger un proche (souvent âgé ou pendant une phase de maladie) dans son jardin tout en lui laissant une partie d’autonomie.
  • Résidence secondaire, pour s’échapper de la ville et retrouver un peu de quiétude.
  • Pour des saisonniers (j’ai eu le cas de personnes passant l’hiver à la montagne où une caravane n’était pas suffisamment isolée et l’été sur la côte)

J’espère que rapidement la législation s’adaptera pour proposer des solutions légales et pérennes pour l’accès aux terrains. Cela reste un souhait mais mon espoir reste limité. Je ne vois pas pour le moment de signal fort allant dans ce sens (et c’est même plutôt le contraire).

Concernant les matériaux, là encore, avec une inflation galopante difficile de voir à court terme une amélioration. J’ai pourtant l’espoir qu’avec le coût du transport qui augmente, on privilégie à nouveau les circuits couts et que l’on puisse retrouver de la qualité à prix correct.

Pour finir sur une note d’espoir, les projets portés par des personnes ultra motivées finissent majoritairement par aboutir. Les obstacles sont plus nombreux, les délais sont plus longs mais avec détermination et ingéniosité on fini par y arriver!

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